Le milliardaire britannique Richard Branson, qui illustre parfaitement la notion d’audace entreprenariale, fondateur du groupe Virgin, était l’un des intervenants de marque lors de la dernière conférence d’affaires C2-MTL à Montréal ce 23 mai 2013. Il a livré aux futurs patrons nord-américains sa recette pour bien diriger une entreprise et nous pouvons tous en tirer des leçons encourageantes. Mais il n’a pas dit que ça. Quelques citations fortes de son intervention :
« Quand nous avons lancé Virgin Airlines, le patron de British Airways s’est moqué de nous, en disant : des gens qui arrivent du domaine du divertissement ne pourront jamais exploiter une ligne aérienne, dit Richard Branson. Ce qu’il ne réalisait pas, c’est que c’est justement ce qui manquait aux lignes aériennes : du divertissement, et une meilleure expérience. »
Le président fondateur de Virgin ne peut pas mieux résumer comment bâtir une entreprise : avoir une vision claire de ce qu’il veut atteindre sans se soucier des réactions des autres, surtout de la concurrence. La suite, nous la connaissons. Qu’a-t-il fait ? Aller chercher les failles dans les industries concurrentes pour penser à offrir des services différents. Il observe aussi les besoins des clients que la concurrence ne semble plus ou pas déceler et surtout, avoir cette audace pour oser se lancer !
L’histoire raconte : alors que dans les années ’60 la musique rock devenait de plus en plus populaire, Branson a commencé, à Londres, par révolutionner les magasins de disques en pensant qu’un nouveau modèle de magasins pouvait dynamiser les ventes de disques. C’est alors qu’il se lança dans l’aventure des « Virgin Records Store ». Une vraie révolution dans le monde des disquaires. Ses magasins étaient aménagés pour permettre aux gens de s’asseoir, de passer du temps, d’écouter de la musique sur place sans se faire mettre à la porte. Cette initiative ne fut pas accueillie à bras ouverts par la concurrence. Et pourtant, nous ne pouvons plus imaginer aujourd’hui d’autres moyens pour aller choisir des disques. Ce modèle s’est généralisé par d’autres groupes.
Il a poursuivi le même type de raisonnement, avec son label de disques « Virgin Records » et le domaine des studios d’enregistrement qu’il trouvait encore une fois trop conventionnels, bureaucratiques, et déconnectés des nouvelles réalités de la musique.
Sa plus récente entreprise, qui fait évidemment le plus parler en ce moment, est « Virgin Galactic », qui veut offrir, à ceux qui pourront se le payer (200 000$), la possibilité de voyager dans l’espace à bord de la navette baptisée « Virgin Space Ship » (VSS). Le premier vol et essais ont été effectués avec succès le 29 avril 2013. Branson espère pouvoir réaliser son premier vol dès décembre 2013, on peut déjà réserver sa place. 530 privilégiés pourront faire partie de ces vols privilégiés et elles sont déjà presque toutes vendues !
« Il faut toujours rêver plus grand, disait-il à C2-MTL pour expliquer son projet. Et là, dans ce domaine, on est un bon cinq, six ans en avance sur tout le monde. »
Sir Richard Branson a livré aux futurs patrons nord-américains sa recette pour bien diriger une entreprise : déléguer les responsabilités, écouter les gens, investir en eux et introduire le maximum de flexibilité dans le travail.
« Quelqu'un veut travailler de chez lui, qu'il le fasse, un autre veut travailler à temps partiel, très bien, un autre encore veut un congé de trois mois sans solde, d'accord », a déclaré depuis Montréal le patron du groupe, assailli de questions de jeunes gens cherchant clairement à percer le secret de son succès en affaires, lors de cette conférence.
« Le travail doit être jouissif », a-t-il ajouté.
Interrogé sur le secteur qu'il choisirait aujourd'hui pour lancer sa première entreprise, il a cité les énergies renouvelables : « L'industrie les demande en pleurant. L'énergie fait tourner le monde mais elle le détruit en même temps », avant d'évoquer sur un ton optimiste l'avenir de l'énergie éolienne et surtout la modernisation des bâtiments pour réduire la consommation d'énergie.
S'il reconnaît que dans certains domaines - telle l'introduction de carburants propres - la coopération doit passer devant la concurrence, il refuse de renoncer à cette dernière: « Si les entreprises travaillaient ensemble, cela coûterait finalement plus cher au client », a-t-il assuré.
En fait, Richard Branson incarne, à lui seul, une bonne quantité des principes que mettent maintenant de l’avant les entrepreneurs les plus visionnaires, à commencer par le fait qu’il faut courir des risques, même les plus extrêmes, quitte à essuyer l’échec le plus total. Décentraliser, déléguer et remettre en question les structures et les bureaucraties, font aussi partie de son credo et de ses façons de faire.
« Au fur et à mesure que j’avais du succès comme entrepreneur, je réalisais à quel point je pouvais faire une différence dans le monde, expliquait-il. On ne vit qu’une fois. Si on a du succès en affaires, et qu’on en est fier, il faut s’en servir pour améliorer le monde. On ne peut pas avoir comme seul but de faire de l’argent. » Et d’ailleurs à ses yeux, le meilleur moyen de réussir, en philanthropie, est d’appliquer les principes qui ont du succès en affaires : « Quand on voit une faille évidente dans ce qu’il faudrait faire, on fait en sorte de la combler », affirme-t-il.