Les êtres humains sont très influencés par les attentes placées en eux. Votre employé sera plus productif si vous vous attendez à ce qu’il le soit, votre femme sera plus aimante si vous partez du principe qu’elle le sera, votre enfant aura plus de chances de réussir si vous êtes convaincu qu’il est doué, et moins de chances d’obtenir de bons résultats si vous avez un a priori négatif sur ses capacités.
Si la théorie de l’esprit engage le fonctionnement des lobes frontaux, ces derniers interviennent également dans de nombreux autres processus mentaux élaborés, en particulier les « fonctions exécutives ». On désigne par cette expression un ensemble de processus qui nous permettent d’identifier nos objectifs et de réorganiser nos actions de façon à pouvoir atteindre ces objectifs. La faculté de prévoir quelles actions aboutiront à quelles issues (« Si je sors ce soir, je ne pourrai pas boucler mon projet »), de différencier les issues désirées des issues indésirables (« Rendre mon dossier à temps est une bonne chose, me faire licencier est une mauvaise chose ») et de préférer les actions menant au résultat recherché (« rester au bureau pour travailler sur ce dossier ») sont tous des processus nécessitant un fonctionnement adéquat des zones frontales du cerveau. Lorsque des informations contradictoires sont transmises, ce qui arrive assez souvent, les lobes frontaux sont nécessaires pour différencier ces désirs divergents, car ils permettent d’inhiber les actions supposées conduire à des résultats moins souhaités ou à des issues socialement inacceptables. (…)
Le lobe frontal, s’il fonctionne bien, inhibe les actions associées aux objectifs les moins désirables et favorise l’action associée à l’objectif le plus désirable. (…)
Si nous n’envisageons aucune évolution professionnelle, nous allons continuer à suivre le même chemin. Nous ne serons pas surpris par une absence de promotion et nous ne remarquerons pas que nous ne progressons pas. Le cerveau recevra les informations qu’il avait anticipées, et aucun signal d’erreur ne sera généré dans le cortex frontal pour modifier notre comportement. Nous n’essayons pas de changer le cours des choses, donc nous n’arriverons pas à le faire évoluer.
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Cette idée selon laquelle limiter nos espérances permet d’éviter les déceptions s’appelle le « pessimisme défensif ». En réalité, espérer peu ne diminue en rien la souffrance de l’échec. Non seulement les attentes négatives mènent à des résultats moins bons, mais elles ne permettent pas non plus de nous protéger des émotions négatives quand les résultats redoutés se produisent. Des étudiants qui s’attendaient à de mauvais résultats à un examen se sont montrés tout aussi déçus que ceux qui pouvaient avoir réussi quand ils ont appris qu’ils avaient échoué.
Extraits de "Tous programmés pour l'optimisme" de Tali Sharot
Editions Marabout