Amandine, petite fille espiègle et rêveuse, rencontre Jeanne, très âgée et très seule. Une profonde affection s’installe entre elles, offrant à chacune des moments de bonheur et un nouveau regard sur la vie…
Petit extrait de l’une de leurs conversations dans le parc :
« Je vais te dire ce qu’il faut faire pour ne plus avoir peur à l’avenir, peur de la mort, ou de toute autre chose, inconnue ou effrayante. Je vais te dire comment je faisais quand j’avais ton âge, et comment je fais aujourd’hui encore quand il m’arrive de penser à des choses qui me font de la peine, ou de me sentir un peu perdue. »
La fillette ferme alors les yeux, et cale confortablement sa joue dans la laine douillette qui recouvre la poitrine de Jeanne, impatiente d’entendre la suite du récit.
« Tu sais, nous possédons tous une chose très précieuse, qui fait partie de nous, et dont nous nous servons beaucoup trop rarement dans la vie. »
« Ah, oui ? Et c’est quoi ?... »
« Eh bien… je te parle ici de L’IMAGINATION ! C’est un véritable trésor qui, en plus, ne coûte rien. Une porte ouverte sur un monde merveilleux, un refuge où l’on peut se cacher et s’abriter quand on se sent triste ou malheureux. Et dans cet espace, il n’y a pas de limites à ce que tu peux désirer. Tout peux tout inventer, tout façonner, au gré de ta fantaisie, tu peux donner à chaque chose les couleurs les plus magiques, les plus féériques qui soient, comme dans tes beaux livres d’images. Tu en as chez toi, n’est-ce-pas ? »
« Mmmmm… »
Le son a peine murmuré, s’accompagne d’un léger hochement de tête de la petite, emportée déjà, sur les ailes d’un improbable oiseau de légende, vers un ailleurs fantastique.
« Quand tu auras peur, mon ange, voici ce que je te demande de faire : imagine un pays où tout serait comme dans tes rêves. Imagine la couleur du ciel, la saison que tu préfères, un décor où tu te sens bien. Et s’il y a des fleurs, imagine aussi leurs formes, leurs teintes et leurs parfums. Et s’il y a de l’eau, à toi de décider s’il s’agit d’un ruisseau, d’un lac ou de la mer. Tu crois que tu peux faire ça ? »
« Oui, je le fais déjà, Mamie Jeanne, en même temps que je t’écoute. Là, je suis à la campagne, dans un grand champ de coquelicots. C’est l’été. Et il y a plein de coccinelles un peu partout, il y en a même deux ou trois sur mon bras et… dans mes cheveux ! Hi hi hi ! »
Extrait de « Le cœur n'a pas d'âge »
De Marylène Bergmann
Ed. Le Crayon à Roulettes